Rapport de christophe resté sans voix
Bonjour Maîtresse,
(Considérez ce long message avec la plus grande indulgence, Madame, car il n’est que la traduction de l’estime que j’ai pour Vous. J’espère que Vous y lirez, malgré sa longueur et les maladresses, ne serait-ce qu’une infime part du plaisir que j’ai eu à le rédiger. J’espère y avoir consigné l’entièreté de mes sensations.)
J’en suis encore sans voix… Même à froid, même après toutes ces heures, je reste intimidé par ce que Vous me demandez d’écrire, ce que j’ai vécu ce matin-là… Ou non: intimidé par ce que Vous m’avez fait vivre, et les révélations qui ont éclos à ce moment-là. Je sais que Vous les avez devinées, au moins en partie…
Intimidé, je le suis parfois, mais il s’agit là d’une autre forme de timidité: comme si mes mots, quels qu’ils soient, trop fades, trop incertains, ne pouvaient retranscrire mes souvenirs. Vous n’attendez pas de la littérature, je le sais, mais je voudrais tant rendre l’hommage qui sied à ma Maîtresse, et ainsi vous dire merci, vous rendre Grâce… Mais c’est ainsi, je devrai faire avec les mots que je trouverai, et laborieusement, maladroitement sans doute, tenter de retrouver la flamme qui m’a animé ce matin de juin, et qui je l’espère, Vous a plu également.
Depuis que nous avons fixé ce rendez-vous, beaucoup de choses se sont bousculées dans ma tête. Un nombre incalculable de questions, toutes ou presque commençant par un « et si… » un peu pathétique: questions vaines, je le sais maintenant, mais qui traduisent mon trouble, ma surprise même d’avoir osé franchir le pas avec Vous et ainsi me confronter à des désirs profondément enfouis… Votre mail la veille au soir y a mis temporairement un point final: je serai le lendemain matin sous la coupe de ma Maîtresse, je serai sa chose, je lui abandonnerai tout… Maintenant que Vous m’avez ouvert les yeux, entre autre, je ne peux qu’être ravi de ne pas avoir cédé sous la pression de ces doutes…
En me levant le matin, bien que n’étant pas seul Vous le savez, je n’ai eu qu’une pensée: Vous obéir en tout point, Vous plaire et faire selon Vos désirs. Je savais déjà depuis la veille au soir, y ayant réfléchi, quelle tenue je devais porter. Une incartade malgré tout avec ma chemise, par peur d’éveiller le soupçon. Incartade que Vous relèverez un peu plus tard quand Vous m’ordonnerez de me déshabiller: je ferai mieux la prochaine fois Maîtresse… Je boutonnais ma chemise, quelque peu stressé par la situation, je me préparais autant physiquement que mentalement: « et si… »
Non, en fait, je ne Vous ai pas tout dit: j’ai commencé à me préparer pour Vous il y a plusieurs jours. L’avez-vous remarqué, peut-être? Je ne le sais… Mais pour Vous, pour cette première fois, j’ai eu envie d’être soigné jusque dans mon intimité. J’avais donc pris rendez-vous dans un institut quelques jours auparavant juste pour cela… L’heure de notre rendez-vous devait me laisser assez de temps pour vaquer à mes obligations matinales, « l’air de rien », puis de venir Vous rejoindre, un peu avant 10h pensais-je. La route depuis Toulouse est un peu longue. Bien entendu, le temps exécrable, la circulation, les imprévus de dernière minute ont fait fondre mon avance comme neige au soleil, bien que de soleil il n’y en eut point. J’avais peur d’arriver en retard, et de tout gâcher pour notre première rencontre. J’étais fébrile, comme un petit garçon sur le point de rencontrer sa nouvelle institutrice, ou comme un écolier qui n’a pas fait ses devoirs et qui craint le coup de règle, comme un matelot sur le point d’embarquer sur un navire vers la haute mer pour la première fois: l’inconnu, l’inconnue, la perspective de cette intimité inédite, le don de soi que cette perspective engendrait, les pratiques auxquelles je Vous avais dit être prêt sans savoir si j’avais bien mesuré mes paroles, ma réaction face à tout cela, tout me rendait fébrile. « Et si… »
Arrivé quelques poignées de secondes avant l’heure, je Vous envoie un mail pour Vous dire que je suis bien arrivé, doutant soudainement être au bon endroit. Puis je sors de ma voiture, malgré la pluie, comme Vous me l’avez ordonné dans Votre mail. Sur ce parking sous la pluie, les doutes m’assaillent: « tu l’as bien mérité, tu aurais dû arriver plus tôt, tu l’as contrariée… et si… » A ce moment, durant cette courte attente, le temps s’est étiré, dilaté… Cela fait d’ailleurs partie de Vos charmes, Madame: vous engendrez la dilatation avec une grâce étonnamment et délicieusement féminine…
Mais Vous arrivez quelques instants plus tard et me voilà brièvement rassuré. Brièvement, car ma poitrine est maintenant agitée de rythmes syncopés: je suis sur le point de Vous découvrir, le petit garçon reprend sa place, je ne peux plus reculer, je me sens gauche, maladroit, la haute mer m’a happé au moment où la dernière amarre est larguée… Mais où est-elle, cette assurance dont j’aime à me parer habituellement?
Me voilà dans Votre voiture. Impressionné, le petit garçon dans ses souliers tous mouillés ne sait que dire. Oh, non que Vous ayez cherché à créer ce sentiment, non! Au contraire, Vous avez su me mettre à l’aise en conversant tout en conservant bien entendu la distance qu’un soumis doit garder envers sa Maîtresse. J’ai vraiment apprécié ces quelques instants de rencontre, sans effusion, quelques mots échangés, quelques questions, une prise de contact forcément un peu délicate, particulière, intimidante pour moi: nous nous découvrons, je découvre Votre univers, je sais que dans quelques instants, peut-être au sortir de ce virage, peut-être à ce portail, je me retrouverai à Vos pieds… « Et si… »
Je Vous ai regardée, j’avoue, durant ces quelques minutes, assis à vos côtés. Je me suis déjà ouvert à Vous à ce propos. J’avais la crainte que Vous ne me laissiez pas poser le regard sur Vous… Ce n’était en fait pas uniquement pour Vous regarder: je brûlais d’envie de savoir ce qui allait se passer, de Vous demander ce que Vous vouliez de moi, si Vous pensiez que je serai un bon soumis, et ainsi si j’allais Vous satisfaire. Mais n’aurait-ce pas été dénaturer la découverte, l’instant que nous allions partager? Alors je me suis tu.
Plus aucun « et si » ne résonnait alors dans ma tête: Vous n’êtes pas tactiles, je le sais, et Vous n’avez rien fait d’ostentatoire pour m’inspirer cela sauf peut-être ce côté enjoué à peine susurré, mais j’ai eu cette sensation merveilleuse que Vous m’aviez alors pris la main pour m’emmener loin là-bas, dans Votre domaine, Votre BDSM dont j’avais eu quelque avant-goût au travers de Vos pages. J’avais encore les yeux ouverts, et pourtant je Vous suivais déjà aveuglément. Tout cela a un côté tellement intimiste et pourtant, je n’ai rien vu de vaguement intime de Vous: nous allons simplement partager un « secret ». Oui, c’est peut-être cela qui me donne cette impression: ma soumission à Votre égard va jusqu’à me proposer comme objet de Votre goût pour ce « secret ». Sans moi (je ne tire ici aucune gloriole, ni aucune fierté, je dis cela tout en gardant vissé à l’esprit la place qui est la mienne, Maîtresse, c’est à dire à Vos pieds), mais je ne peux m’empêcher de penser que sans moi, nous n’aurions sans doute pas eu, ni l’un ni l’autre, ce moment si délicieux. Du moins j’espère, Madame, qu’au travers de ma soumission, du don de moi-même, des épreuves surmontées pour Vous, de mon obéissance, j’ai su éclairer Votre matinée.
Au détour de nos discussions, Vous douchez toutefois un peu certains de mes espoirs. Doucher, c’est bien le mot. Mais après tout, qui suis-je pour réclamer, pour espérer Vous voir faire ce que je désire? Je ne pourrai me défaire totalement de ce désir durant les un peu moins de deux heures qui vont suivre, mais me voilà prévenu si je ne l’étais pas déjà: c’est Vous qui mènerez la danse et je suis là pour cela, même si je ne sais pas encore quelle danse Vous allez me faire danser.
Encore quelques minutes de route sinueuse à travers la campagne et je découvre enfin Votre donjon: très coquet, joliment décoré, charmant, à Votre image. A vrai dire, je n’ai pas osé poser le regard partout, peut-être par peur (un peu idiote, j’en conviens) de prendre peur en voyant Vos jouets… Je le regrette maintenant, cela m’aurait sans doute donné des idées. Quoique, je sais que Vous aurez des idées d’amusements si Vous m’accordez le privilège de revenir Vous voir: je viens aussi pour être l’objet de Vos distractions.
Vous m’ordonnez de me déshabiller, je serai nu devant Vous ma Maîtresse, nu comme un ver, comme un soumis… Oui, je le sens déjà, je suis déjà conquis par la scène qui se joue, habité par ce sentiment profond: à Vous je désire ardemment me soumettre.
Vous m’entravez comme il se doit pour un soumis, et je découvre ainsi cette sensation délicieuse de me sentir démuni de toute possibilité de refuser, de repousser, de saisir même… Et comme si cela ne suffisait pas, Vous m’ôtez le seul sens utile à un insoumis (que je ne serai pas): la vue… Après tout, peut-être est-ce là le moment où j’ai vraiment largué la dernière amarre. Nous n’étions alors pas encore « au large », non, il y avait encore le quai tout proche, engoncé que j’étais dans une pudeur qui me faisais me retenir et ne pas révéler entièrement mon moi… Ce n’est pas la pudeur de se mettre nu dont je parle ici. Celle-ci m’a presque paru facile à surmonter. Non, je parle de la pudeur de mon véritable moi, ou du moins d’une part de moi que je n’avais jamais encore explorée moi-même vraiment, et que je n’avais surtout montré à personne! La pudeur de se mettre à nu si entièrement, si totalement, jusqu’à oublier l’humiliation qu’elle constitue pour qui regarderait la scène de l’extérieur. Oui, cette pudeur-là, je l’avais encore à ce moment-là: j’espère que Vous aurez excusé cette coquetterie, Vous ne m’aviez alors pas encore défloré… Il me fallait encore un peu de temps pour m’apprivoiser nouveau soumis, du temps et quelques fessées aussi…
Je sens également sur mon cou, ce collier qui marquera durant de ce voyage mon statut de soumis et par la même, le vôtre Madame: Vous êtes ma Maîtresse, puisque je me trouve à une extrémité de la laisse, du côté du collier, et Vous, à l’autre. Ce qui est surprenant avec les premières fois, c’est de vivre ce passage entre l’imaginaire et la réalité, de se laisser envahir, submerger, pénétrer par la sensation, la concrétisation. Je reste persuadé que j’éprouverai le même plaisir simple les prochaines fois où Vous me mettrez en laisse, les prochaines fois où je m’exécuterai, promené au bout de la laisse, cherchant à Vous satisfaire dans des situations parfois presque grotesques, où je Vous obéirai, où d’un pied posé sur moi Vous m’imposerez Vos volontés. Mais la première fois a sans doute une saveur particulière.
Ce moment tant désiré, tant fantasmé, prend enfin corps: un soumis était sur le point de naître… Et je ne doute pas que Vous avez senti l’émoi que tout ceci a provoqué en moi…
J’avoue qu’il était certaines pratiques dont je n’avais pas envisagé toute l’étendue, et je me retrouve ainsi d’autant plus novice pour tout ce que je n’ai pas encore découvert. D’ailleurs, je dois Vous dire que Vous m’avez finalement tout de même marqué de différentes façons malgré Vos « précautions ». Mais celle dont je vais parler ici est assez surprenante à vivre.
Je Vous ai senti jouer avec mes tétons et, si je craignais déjà que Vous n’utilisiez vos pinces, la sensation que j’avais pu imaginer, anticiper, était en fait assez loin de la réalité! Rendu aveugle au monde extérieur, je n’ai pas pu me préparer à l’instant où ces mâchoires allaient se refermer et happer mon téton. La première posée m’a vraiment surpris et mis sens dessus-dessous. C’est donc déstabilisé par la surprise et l’intensité de la sensation que j’ai vécu ces premiers instants de total abandon, d’une forme de vulnérabilité qui n’avait jusqu’alors pas vraiment pris corps. Un instant j’ai douté être capable d’endurer autant, endurer la seconde pince sur l’autre téton, et tout ce qui pourrait venir après: après tout, il s’agissait seulement du début de notre séance et je me sentais déjà au bord de l’abîme! Qu’allais-je pouvoir endurer si je n’arrivais même pas à supporter ces pinces? « Et si… »
Cette sensation forte a d’ailleurs relancé les coups de grosse caisse dans ma poitrine, qui s’étaient pourtant calmées depuis Votre arrivée sur le parking sous la pluie. J’ai donc cherché profondément en moi, je me suis rattrapé à la douce sensation de Vos mains sur moi comme un noyé à une bouée, pour arriver à apaiser les tensions en moi, accepter la douleur en Votre nom et retrouver le contrôle de mon esprit: pour susciter la fierté de ma Maîtresse, Votre fierté Madame, je devais surmonter ce moment, et ne pas jeter l’éponge au premier défi que Vous me lanciez! Mais quel défi, Madame! Quel défi! Les yeux bandés, c’était un défi intérieur, empli de sensations, et je ne me suis pas rendu compte de l’image que je renvoyais à ce moment précis. Sans doute avez Vous bien fait, mais ceci me donne l’envie de le vivre les yeux ouverts une fois prochaine…
Vous avez continué la séance, j’y reviendrai, mais je n’avais pas imaginé que le retrait de ces pinces pouvaient être à ce point une épreuve, l’espace des quelques secondes où je reprenais possession de mes tétons. Vos mains sur moi, m’ont à nouveau aidé à surmonter l’instant, et ont ainsi fait jaillir en moi un sentiment d’intense reconnaissance, reconnaissance que j’essaierai de vous témoigner durant le reste de la séance. Oui, le retrait a été un mélange sublime, une douleur jouissive au moment même où je Vous rendais grâce de me retirer ces pinces, une traduction directe et bien plus sublime que ces clichés du soumis remerciant sa Maîtresse pour la douleur infligée.
Et voilà, nous sommes tard le soir, je Vous écris, et mes tétons sont toujours aussi sensibles. Depuis notre départ du donjon, le moindre effleurement de tissus sur mes tétons me rappellent l’extase du moment que Vous m’avez fait vivre! La marque est invisible, mais je me plais à souhaiter qu’elle reste encore et encore… Elle aura mis presque 2 jours à disparaître complètement, et je me suis surpris à plusieurs reprises, à titiller mes tétons pour vérifier si la sensation était toujours présente.
Et puis Vous m’avez amené jusqu’à vos pieds! Ah, Madame que j’ai été heureux à ce moment-là! Et j’ai baisé Vos pieds…
Oui, j’ai baisé Vos pieds, Madame, avec tellement de plaisir: un instant magique, pour moi, de découvrir combien il me plaisait de me trouver à Vos pieds et de les baiser… Je dois dire que je me suis senti chavirer à ce moment, tant la charge érotique m’a submergé: j’étais nu, les mains attachées, les yeux bandés, des pinces sur les tétons, et je ne pouvais m’empêcher de Vous embrasser les pieds, avec autant d’ardeur que si je leur avais fait l’amour. Oui, Vous veniez d’ouvrir une porte en moi (et ce n’est pas la seule que vous avez ouvert ce jour-là, Madame): je me suis senti si bien à Vos pieds, je me suis senti à ma place, si reconnaissant du traitement que Vous me réserviez (les pinces y compris), que j’avais envie de Vous le montrer en baisant vos pieds, et même Vos mains, lorsque je les sentais me caresser comme on flatte un soumis obéissant.
Vint alors le martinet, que j’ai senti tout d’abord effleurer, caresser… Quelle douce caresse, et étrange à la fois! Étrange car, après les caresses de ses lanières et bien que Vous l’ayez manié graduellement jusqu’à me faire envisager l’éventualité de la morsure, j’ai fini par ne plus savoir si je redoutais ce moment où Vous alliez l’abattre sur ma peau, ou si je ne finissais pas par le souhaiter, le désirer plus fort. Oui, je crois que j’ai souhaité qu’il soit plus incisif.
C’est étrange d’ailleurs, car j’ai senti la même chose lorsque Vous avez utilisé vos mains! Ou peut-être même l’ai-je souhaité encore plus vite: il y a un côté plus direct qu’avec le martinet, plus sensuel peut être à recevoir une fessée de Vos mains.
Ah Vos mains, Maîtresse, quels merveilleux pouvoir elles ont eu sur moi! Après les avoir senties effleurant, caressantes, griffant parfois, chaudes et apaisantes aussi sur mes tétons endoloris, j’ai enfin connu ce qu’elles pouvaient faire sur mes fesses! C’est sans doute là que j’ai vraiment quitté le port, que Vous m’avez amené au grand large, que je me suis senti habité par des désirs violents: Vos mains, alors que Vous m’aviez déjà ouvert et fouillé, que je Vous sentais en moi et sur moi.
Un peu comme un papillon sortant de sa chrysalide je découvrais une sensualité enfouie en moi. Ou plutôt ai-je enfin osé l’exprimer: soudainement mon corps a appelé Vos mains, mon corps a appelé vos fessées et voulait être possédé, empli, ouvert, envahi aussi… Et je me suis senti alors, tellement empli de luxure, comme assoiffé, des torrents de désirs se déversaient, les digues ne pouvant plus rien retenir! Je ne sais comment définir cet état, car je ne suis pas certain de pouvoir poser un mot juste. J’ai eu le désir intense de me faire pénétrer, de me faire fesser bien plus fort, de caresser de ma bouche un sexe quel qu’il soit, de vous abandonner mon corps en une soumission plus accomplie encore… A chaque claque de Vos mains, je devenais un peu plus encore un objet de plaisirs, une chose entre vos mains dont Vous auriez pu disposer à Votre guise, pour Votre plaisir ou pour celui d’autrui.
Et en même temps, j’avais envie de Vous remercier, de Vous baiser les mains, les pieds… Mon corps ondulait, endiablé, ensorcelé par Vous, Maîtresse… Je voulais tendre ma croupe pour que vous la flattiez! Vous m’avez sûrement senti chavirer à ce moment… Sans doute certains auraient trouvé un nom obscène pour me définir à ce moment-là, mais je m’en fichais: je l’étais sûrement à ce moment-là, je vous aurai approuvé si vous m’aviez demandé, car je me sentais terriblement vivant!
En revenant vers ma vie normalisée, j’ai longuement pensé à ce moment (tout en maintenant mon attention sur la route, bien entendu). Et un vers m’est revenu, moi qui pourtant n’avais jamais été très fort à retenir les textes:
Ô temps suspens ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Mais je n’oublierai certainement pas non plus comment Vous vous êtes immiscée en moi. Je ne sais ce que vous avez utilisé pour m’ouvrir, mais Vous avez si bien su jouer de mon corps comme d’un instrument, en le fouillant, le forçant, et me faire jouer la musique du désir, du plaisir, à gémir à chaque passage… Je vous ai senti tester et mon ouverture « d’esprit » et la profondeur de mon âme, car à ce moment-là, les yeux toujours bandés, toute mon attention était tournée autour de l’endroit précis où Vous preniez possession de mon corps. Que de délice de me faire ainsi pénétrer, dilater, combler…
Ainsi « orné », les fesses offertes et sans doute rougies, décoré de cire, la tête posée, Vous avez continué tous les délices dont j’ai déjà parlé. Que dire de plus, Madame, que je n’ai déjà dit? Ce bouquet de sensations intenses m’a amené bien loin de l’homme sérieux aux lunettes, transfiguré sans doute… Vous avez fait naître tant de sensations! Vous avez fait de moi un puis de plaisirs…
La cire aussi a été une découverte pour moi. Même si l’intense expérience de mes tétons si sensibles a sans doute occupé une grande part de mon esprit, sensation contre laquelle la chaleur des gouttes de cire brûlante avait du mal à luter. Mais elles ont mordu ma peau, et ont contribué, à leur façon, à me faire lâcher prise. Et l’idée de me laisser marquer par vous, de façon temporaire mais tout aussi réelle, était également une façon de Vous appartenir.
Et puis je Vous ai senti sur mes pieds, sur mes mains… Ah! Je Vous aurai offert tout mon corps, sous Vos pieds, si Vous l’aviez exigé de moi! Même Votre façon de me diriger, de Votre pied, appuyant ici ou là pour me faire courber ou baisser la tête, m’a touché…
Finalement, m’avoir bandé les yeux, comme je Vous l’ai dit, a décuplé bien des sensations. A ne pouvoir user d’un sens aussi direct, j’ai dû fixer mon attention sur les autres. Comme Vous l’espériez, cela m’a également extrait du réel pour me laisser vagabonder dans mon imaginaire, que j’ai peuplé des sensations que Vous suscitiez: dans le noir total apparaissaient soudainement Vos pieds, Vos mains, Vous, la fulgurance d’une pince sur mes tétons, les morsures des fessées, de goûtes de cire brûlante… Ce fut donc une séance où l’ouïe (la musique qui m’est si chère plus que vos mots) et le toucher étaient mes seuls repaires, et où le noir comblait les moments d’attente. Aurais-je aimé être libéré de ce bandeau? Oui, sans doute, pour me sentir encore un peu plus à vos pieds. Mais j’ai été ravi que Vous n’en fassiez rien, et qu’ainsi Vous prolongiez cette errance sensorielle. J’ai rarement ressenti autant de joie et de reconnaissance lorsque j’ai posé ma tête sur Vos genoux alors que Vous me libériez…
Une dernière chose encore: j’ai senti Vos mains sur moi, en particulier après que Vous m’ayez si délicieusement ouvert. A un moment Vous teniez dans Votre main une partie pourtant très sensible qui pendait sans doute, non loin de l’objet qui m’ouvrait et me comblait si merveilleusement, et que Vous étiez sur le point de retirer… Et je me suis alors senti si vulnérable, tellement à votre merci, que je me suis surpris à espérer que Vous serriez la main, juste pour me montrer combien j’étais soumis. Je me sais novice et l’épreuve des tétons a été difficile à surmonter, plus difficile que je pensais en tout cas. Mais à ce moment-là, j’ai souhaité que Vous vous amusiez avec, avec ces deux jumelles, avec mon sexe, comme Vous l’avez fait avec mes tétons et mes fesses…
Vraiment, Vous avez été parfaite, si Vous me permettez cette expression qui pourrait paraître déplacée de la part de l’un de Vos soumis. Mais il n’y a ici aucune condescendance, je la pense dans le sens le plus gynarchique, puisque Vous n’auriez pas pu dévoiler plus sur moi en si peu de temps, ni me posséder plus sûrement et plus entièrement, ni déclencher plus de réactions en moi. Vous m’avez fait découvrir Votre BDSM, j’y ai souscrit, m’y suis soumis avec complaisance et Vous ai offert une part de moi des plus intimes, en espérant avoir ainsi comblé Vos attentes.
Votre soumis christophe