La frustration
Toi, tu aimes les belles chaussures…
Je le sais, à notre seconde rencontre à Toulouse Labège, tu m’as offert treize paires de chaussures ! Des plus sages aux plus extravagantes, talons plats ou de seize centimètres, en noir ou en couleurs et même à paillettes… Un bonheur pour moi, je suis flattée que tu m’aies choisi pour recevoir tous ces cadeaux.
Mais ce que tu aimes par-dessus tout, ce sont les pieds des femmes ! Je programme donc toute une soirée avec toi afin que tu puisses en profiter. Rendez-vous prit ce glacial vendredi soir de janvier, il fait tellement froid qu’il neige même dans la région, mais pas à Fenouillet. Cette soirée a lieu chez toi.
J’arrive pour dîner mais ton planning mouvementé t’a empêché de cuisiner… Soit ! Nous sortons donc dîner au restaurant. De retour à ton domicile je suis bien plus à l’aise sans mes talons, mes pieds sur ton canapé, nous prenons un café. Tu dévores mes pieds des yeux depuis un moment donc je les mets en évidence sur la table basse. Mes orteils s’activent au gré de nos conversations. Tu sais que tu y a accès pourtant tu te contentes de les regarder, rien de plus. Les heures défilent vite et je sens parfois une certaine agitation lorsque je change de position. Tard dans la soirée, ou même
dans la nuit, amusée par cette situation je te demande pourquoi est-ce que tu n’agis pas, pourquoi tu ne les touche pas, pourquoi ne m’exprimes-tu pas cette envie que tu as de pouvoir les toucher, les masser… Mais pour toi, il n’est pas question d’oser me demander quelque chose. Selon toi, ton seul rôle est d’obéir à une demande. Pourtant tout était clair, tu as depuis le début accès à mes pieds avec tes mains. Je n’ai pas d’autres consignes à ajouter. Cela étant redit, tu n’arrives toujours pas à exprimer d’envies, de besoins, de souhaits. Mes consignes sont claires et aucun erratum à formuler pour ma part donc puisse que tu ne souhaites pas les respecter : ta leçon sera la frustration !
Le sadisme intellectuel est tellement bon et doux que je ne peux y résister. Je continue donc avec plaisir à bouger mes pieds devant toi et même à me lever régulièrement.[…] Je ne pense pas que tu les aies quittés des yeux plus d’une minute au cours de cette soirée. A plus de cinq heures du matin, il est temps de dormir un peu. As-tu trouvé le sommeil facilement ce jour-là ? Le mystère reste entier…
Le lendemain, après mon départ, tu m’as envoyé un très joli message me remerciant pour cette soirée de frustration. Cette rencontre nous a satisfait tous les deux et c’est bien l’essentiel.
Madame,
Je ne pouvais trouver plus belles rencontres que celle que vous m’offrez à chaque moment que nous passons ensemble, votre charisme, votre sourire, votre intérieur, mérite bien plus que quelques paires de chaussures, matière nourricière de beaucoup de fantasmes… mais si peut fondamentalement à votre égard.
Ces chaussures, objet d’un chapitre avorté du livre de ma vie, ne pouvaient trouver mieux comme suite à leurs destinées. Entre vos pieds, elles continueront à vivre ceux en quoi elles étaient assignées, moi n’ayant plus la force, ni la possibilité matérielle de le leur offrir.
Il faut savoir faire le deuil de notre passé pour pouvoir crée un nouvel article.
La Frustration, le replie sur soi, la résistance au plaisir, mais quel plaisir de vous regarder… Certes, j’aurais pu dévorer ces pieds, comme j’aurais pu, certainement, ce soir, en avoir l’accès et l’autorisation, mais ceci, sans votre demande est totalement inenvisageable…
Je suis et reste votre serviteur, ma dévotion à votre bon soin est l’unique objet de nos rencontres, je n’accepterais et ne pourrais jamais accepter à avoir une quelconque initiative à votre égard.
La frustration est grande, mais si agréable… reste l’essentiel, le respect de la parole engagée, qui est à l’image d’une allumette que l’ont ne grille qu’une fois, la mienne à toujours le bout rouge.
Votre dévoué.