L’équilibre

Nous avons rendez-vous ce soir mais je suis en réalité tourné vers cette rencontre depuis plusieurs jours, et de plus en plus depuis hier soir. J’ai quelques heures de route avant de revenir chez moi, puis de vous retrouver au point de rendez-vous, je sais que vous voulez partir le plus tôt possible. Ce ne sont pas les aléas du trajet qui me préoccupent (hélas personne n’est à l’abri) mais plutôt l’état d’esprit dans lequel nous allons nous retrouver. Nous avons connu la semaine passée un « incident », et des choses ont été dites, de part et d’autre, mais quelle sera la suite? 

Je viens avec la joie de vous revoir, avec aussi une volonté de rédemption, avec des espoirs….

Espoirs que rien ne soit brisé, espoir de pouvoir mettre les choses à plat. 

Je ne cherche pas à savoir comment Vous aborderez cette soirée, j’ai retenu cette leçon-là: ne jamais penser à Votre place. Mais je suis néanmoins inquiet. 

J’arrive tard…circulation difficile. Nous partons sans attendre et la conversation, générale, débute alors que Vous découvrez le souvenir d’Italie que je Vous ai apporté. Nous discutons une bonne partie du trajet, j’en suis heureux. 

Arrivée, quelques détours, nous nous installons au Mis***. C’est Vous qui abordez le sujet attendu, me faites part de Votre grande déception. Me montrez aussi les erreurs de comportement que j’ai pu avoir, sans m’en rendre compte, j’ai encore tant de choses à apprendre.

je Vous écoute, beaucoup d’informations arrivent, beaucoup de réponses à mes questions mais bien sûr d’autres sont soulevées, même si je ne les formule pas encore clairement. Je Vous livre une part, sombre, de moi-même, que Vous ne soupçonniez pas, et cela Vous effraie un peu. Je ne sais comment exprimer les choses, mais je comprends et j’admets que je me suis parfois fourvoyé, je ne sais pas si Vous pardonnerez. Le temps de la réflexion est loin d’être terminé. Merci, Maîtresse, de me guider ainsi. Je vais prendre ce temps, et soyez assurée que la décision, quelle qu’elle soit, ne sera pas prise à la légère….

Nous arrivons au C/O. Je fais un tour des salles en vous attendant et je croise V***, toujours un plaisir de les voir. Quand vous entrez, je vous propose à boire et nous restons un moment ainsi, il fait très chaud. Je suis encore hésitant, je ne sais si c’est le bon moment et le lieu, où il y a du passage, mais je décide de me mettre à genoux à côté de Vous. Vous ne dites rien et je comprends que c’était bien sûr la chose à faire. Vous buvez votre verre, me faites enlever le tee-shirt, vérifiez le tatouage, et m’équipez d’un collier et d’une laisse. 

Nous allons admirer les cordes de S***, je Vous sers des fruits, reste à genoux à vos côtés, c’est un très joli moment. 

Visite de la salle de la roue, quelqu’un joue du fouet, adroitement il me semble, ma position ne me permet pas de tout voir. Une Domina passe près de moi, me caresse la tête, fais quelques commentaires et touche même la laisse. je ne lève pas les yeux mais me tourne légèrement vers Vous. Vous avez bien sûr remarqué, et je Vous sens prête à intervenir si les choses devaient aller plus loin. Il n’en est rien. 

Nous cherchons alors une place pour jouer, mais tout est pris. Nous retrouvons Valmi un peu à l’écart, puis Vous m’emmenez dehors avec Vous pour prendre un peu l’air. Je reprends ma position, peu importe les regards de certains passants. 

Enfin une salle s’est libérée, Vous me faites installer la toile pour la cire. Je suis ravi bien sûr. Mais la position que vous me faites prendre, les jambes relevées, tendues et attachées, ne convient en rien à mes soucis articulaires. D’autant plus que Vous exigez que mes plantes de pieds restent horizontales. Les crampes arriveront rapidement.

La roulette commence ses lacets, sur les pieds, les jambes, les fesses et le sexe. Des mouvements parfois appuyés. Les muscles réagissent. Des pinces. Et puis soudain, un coup sur la plante du pied. Je reconnais cet instrument, pas besoin d’un deuxième. Je le redoute, Vous le savez. 

Quelques gouttes de cire, petites certainement, les piqûres sont fines mais intenses. Un bruit à ma gauche, suivi d’un coup sur la cuisse. Je comprends alors que vous aviez posé Votre instrument en équilibre sur ma plante de pied et que mes mouvements l’ont fait tomber. Je m’efforcerai de garder cette horizontalité, et ce fut difficile, malgré cela l’objet retombera à deux reprises avec bien sûr la sanction à la clé. Un autre instrument (mais lequel?), sera posé sur la plante du pied droit, il ne tombera pas il me semble. 

Vous jouez avec la cire, parfois en filet fin et précis, parfois en laissant s’écouler ce qui me semble être des flots. Sensation intense, voluptueuse, douloureuse aussi mais j’adore ce moment. Vous me faites comprendre que je ne dois pas relever la tête, ni bouger mes mains posées à plat. Vous alternez, cire et roulette, jouez avec les pinces. Je me concentre sur mon pied gauche, surtout le garder tendu, essayer de sentir si l’objet bascule, pour pouvoir rétablir l’équilibre, mais les sensations à ce niveau sont déjà engourdies. 

Je me souviens d’avoir reçu cette coulée de cire sur ma gorge, d’avoir penché légèrement la tête en arrière, pour Vous l’offrir davantage, un instant fantastique. 

Vous retirez les pinces, grattez la cire. J’ouvre les yeux, m’aperçois qu’en fait j’étais légèrement ailleurs malgré la concentration nécessaire au maintien de la position. 

Cependant l’instrument est tombé, et Vous n’avez pas pu le replacer, mon pied ne tient plus en place. Vous me détachez, me laissez reposer, un dernier coup sur le pied droit pour avoir laissé tomber l’objet. Vous m’envoyez nettoyer pendant que vous discutez avec une Domina venue Vous interrompre, en me disant de revenir ensuite dans cette même salle. Je comprends que ce n’est pas terminé et j’en suis ravi. 

Mais l’heure a tourné, le club s’est vidé et va fermer. Il est temps de partir… je me rhabille, Vous me laissez le collier et la laisse. Je les porterai pendant tout le trajet de retour, merci Maîtresse. 

Cette soirée fut riche, intense, de partage et de sensations. Je l’ai grandement appréciée et Vous en remercie. J’apprends à Votre contact, un peu plus chaque fois, alors que parfois j’ai l’impression de tout savoir. Je me rends compte, un peu plus chaque fois, à quel point Vous êtes extraordinaire.