Weekend Breton


Pour vous Maîtresse

Au cœur de la forêt de Brocéliande,
Il fut une fois une Noble âme,
Qui métamorphosée en papillon Reine de Nuit,
En dentelle volante et corset sobrement revêtue,
Tenait en ses pieds un soumis (est-ce moi?)

Étais-ce un rêve éveillé ou le songe d’une nuit d’hiver ?

Au sein de la nuit le décor est planté
Par un fabuleux excentrique château
D’extérieur néo-classique délirant
Aux fenêtres baignées de lumières maure-dorées
D’intérieur d’esprit art-déco flamboyant

Au sein de ce décor de rêve
J’ai l’honneur le plaisir et la joie étrange
D’être choisi comme l’esclave
De Maîtresse Lisa Domin’ha
Pour la servir pour souffrir et servir

Dans le château
En haut de l’escalier de l’entrée
Encadrée de six colonnes noires peintes de Marbre
Une assemblée multiple, hétérogène, bigarrée, de Maîtresses, esclaves, Maîtres, multicolore de peau, de noir et rouge revêtue
De sexes confondus, défendus ou perdus,
Qui conversent, se mélangent, se dévisagent, s’admirent de la tête aux ongles des mains, du sexe entravé jusqu’aux yeux peints.
Assemblée qui se joue du temps qui passe
Comme acteurs de leur vie rêvée
Dans le grand Théâtre SM
De l’éducation, du savoir-vivre, de l’amour et du plaisir

Assemblée au sein de laquelle
D’un collier rouge à genoux, adoubé par Vous Maîtresse
Je dois me présenter moi-même comme,
Le soumis de Maîtresse Lisa Domin’ha:
Mélange d’honneur, d’humiliation et de plaisir pervers
De par mon statut d’esclave, de par l’honneur de vous être soumis, de par l’appréhension de ne vous être point agréable, ou tout simplement de n’être à la hauteur de votre esprit subtil et démoniaque et de votre beauté fatale,
Qui me promet l’enfer!
Assemblée dans laquelle, une de vos amies Maîtresse me glisse distinctement un « bon courage » glaçant, auquel je réponds par un sourire visible et interrogatif qui cache mal un accès aiguë de peur, et qui me rappelle que vous m’avez gentiment, perversement prévenu de votre propension, votre joie à exercer sur vos soumis vos penchants pour vos plaisirs sadiques

Je me laisse imprégner, au bout de votre laisse, de votre main négligemment étreinte,
Par la beauté des lieux, par l’ambiance sereine de savoir-vivre, de savoir souffrir,
Que ponctue des cris plaintifs retenus, de plaisirs et de douleurs contenues,
Dans l’entrave, les liens et sous l’emprise des fouets,
Qui enlacent les soumises offertes au plaisir de leurs Maîtres ou Maîtresses.

Peur j’ai peur, avec plaisir, mais cette peur est suspendue dans mon rôle de soumission au service de ma Maîtresse perverse que je chérie;
Ma voix se fait éteinte, craintive et douce, par respect pour vous Maîtresse et comme une supplique pour être épargné et implorer votre compassion;
Peur j’ai peur de ne pas être à la hauteur de vos attentes Maîtresse!
Parmi cette assistance ultra ou extraordinaire de dépravation classieuse, d’excentricité contenue et de sobriété délirante

Mais les spectacles continuent et s’enchaînent:
Descendant l’escalier,
Une soumise en robe d’Infante aux mains de son maître « Velázquez »
Infante enchaînée dans sa robe bouffante, sexuellement ajourée de face comme de pile
Infante au visage et aux seins d’ange,
Telle la » Madonna » offerte et ouverte pour son Maître (un ami de Maîtresse)

De la rochelle au centre de l’assemblée,
Descend d’une corde tendue au milieu de la foule,
Une vestale, habillée de nue, du corps tatouée d’écritures ou de sanscrit,
Dont les flammes au bout des doigts illuminés,
Évoluent aux sons de ce corps langoureux, animé par la danse rythmée de ses contorsions souples et déliées,
Orchestrée de nos yeux muets et fascinés

Suivent d’autres spectacles ou sketchs, étonnants, éblouissants, épanouissants, mais qui ne doivent me détacher du besoin de suivre du regard ma Maîtresse au centre de ce monde duquel elle rayonne dans la lumière noire du pouvoir qu’elle détient contre moi

Le temps est passé et maintenant Maîtresse répète qu’elle veut  » jouer  » et manifeste impatiemment son désir en riant, Maîtresse veut jouer de ses pulsions sadiques, pour lesquelles elle m’ordonne de me mettre en tenue:
Nu hormis une dentelle pudique,
Nu impudique malgré les quelques jours de privations pour être présentable,
Maîtresse vous m’exposez sur la rochelle à l’étage,
Au côté de soumise infante
En position librement offerte
Dans l’attente et l’acceptation étonnamment détendue de vos soins!
La douleur j’ai peur de ne pas l’accepter en silence, de ne pas vous l’offrir dans la dignité d’un soumis fier de vous appartenir en subissant avec bonheur votre courroux
Je suis dans l’acceptation doucereusement plaintive et haletante des morsures infligées par vos instruments dont vous testez l’efficacité
Les coups pleuvent et se succèdent régulièrement invariablement réglementairement dans l’intensité croissante ou variable de votre esprit appliqué,
Rythmés par le son du fouet ou autres jouets contondants qui laissent sur ma peau la preuve de votre plaisir
Je me détends dans les yeux d’une soumise dans le salon en dessous qui profite de votre spectacle
Vous me retournez, m’accusez de ne plus me souvenir du Safe-code (ce qui n’est pas faux) mais auquel je réponds vexé par un fort « vert » spontané et instinctif
Vous semblez prendre plaisir à jouer au morpion sur ma peau blessée et de ma souffrance faites un fulgurant plaisir par le contact doux et délicat de votre corps merveilleusement apaisant
Plus tard, seul à vos côtés, le froid polaire de la nuit noire n’aura aucune prise sur ma peau brûlante à moitié dénudée
Je me rends compte à posteriori, que cette réserve ce semblant de dignité, vous auriez peut-être aimé la casser, en jouer, à m’humilier et dans la douleur me faire demander grâce (peut-être n’est ce que partie remise, peut-être faudra-t-il que j’avoue une faute que j’ai commise?)

Maîtresse est-elle contente?
Que n’ai-je fait?
Que n’ai-je point fait,
Qui ai pu vous faire déplaisir
Qui n’ai pu apaiser votre courroux
Ai-je été digne de vous?
Un Maître de vos amis me demande devant vous si je suis heureux, je bredouille affirmativement que oui en regrettant que mon attitude culturellement réservée ne l’exprime pas spontanément.

Maîtresse profite du spectacle de son ami, le Maître des cordes,
Qui contraint en suspension dans sa toile notre vestale, déesse de la danse,
Dont le corps nu de lianes constitué tel un guépard libre, consentant dans la jungle de ce château enchanté,
Le corps, son corps immobile, attaché par la corde, suspendu par les liens noués autour de sa peau tatouée, lentement maintenu,
S’abandonne entre l’espace ou le temps dans la lumière et les mains de Mr Faust Shibari.

Maîtresse est-elle contente?
Peut-être car vous me permettez d’être prosternée à vos pieds, à les réchauffer à les masser à les caresser avec attention concentration et plaisir

La soirée s’achève
Et plus tard au moment de mon départ,
Vous m’avez laissé plonger votre regard dans le mien l’espace d’un instant.
Je vous remercie
Moi victime consentante et dépendante du plaisir de ma soumission envers vous,
Des merveilleux moments passés en votre dépendance

Votre soumis Bruno